Les clauses clés dans une levée de fonds VC : comprendre avant de signer

18 Sep 2025 | Le Guide EIDŌ

Lever des fonds auprès d’un fonds de capital-risque est une étape qui marque un tournant pour une entreprise. Les montants en jeu sont plus importants, la gouvernance se professionnalise et les attentes des investisseurs deviennent plus exigeantes. Mais derrière l’enthousiasme d’une levée de plusieurs millions se cache une réalité juridique parfois complexe. Les « term sheets » et les pactes d’actionnaires qui accompagnent ces opérations contiennent des clauses précises, souvent techniques, qui engagent les fondateurs pour de longues années. Comprendre ces clauses est indispensable pour éviter de se retrouver piégé par des conditions qui, à terme, limiteraient la liberté de décision ou réduiraient fortement la part de valeur revenant aux créateurs.

La préférence de liquidation

La préférence de liquidation est l’une des clauses les plus connues et les plus sensibles. Elle détermine dans quel ordre les investisseurs et les fondateurs récupèrent leur argent lors d’une sortie, qu’il s’agisse d’une revente ou d’une liquidation. Dans sa version simple, elle garantit que les investisseurs récupèrent en priorité leur mise avant tout partage de valeur avec les associés. Mais certaines variantes, plus contraignantes, permettent aux investisseurs de récupérer leur mise initiale, puis de participer en plus au partage du solde avec les fondateurs. Pour les créateurs, cette clause peut transformer une belle opération en désillusion si elle n’a pas été négociée avec discernement.

Les mécanismes d’anti-dilution

Une autre clause fréquente concerne la protection contre la dilution. Les fonds cherchent à se prémunir contre une baisse de valorisation lors de tours de financement ultérieurs. L’anti-dilution permet d’ajuster le prix d’entrée des investisseurs pour maintenir la valeur de leur participation. Si ce mécanisme protège légitimement leurs intérêts, il peut aussi se révéler très défavorable pour les fondateurs, qui voient leur part s’effriter encore davantage en cas de difficultés. Là encore, la structuration et la négociation sont essentielles pour trouver un équilibre qui préserve la motivation des créateurs.

Les droits de gouvernance

Les clauses portant sur la gouvernance fixent les droits des investisseurs dans les décisions stratégiques. Elles incluent souvent la présence au conseil d’administration, un droit de veto sur certaines opérations ou un contrôle renforcé sur des choix structurants comme une levée supplémentaire, une acquisition ou une cession. Ces dispositions apportent de la sécurité aux fonds, mais elles limitent la marge de manœuvre des fondateurs. Comprendre leur portée et négocier leur périmètre est indispensable pour conserver une autonomie suffisante dans la gestion quotidienne.

Les clauses de sortie

Une levée de fonds n’est pas seulement un point d’entrée, c’est aussi un point de sortie à anticiper. Les investisseurs veulent s’assurer de récupérer leur mise avec un rendement satisfaisant. Les clauses de sortie organisent ces scénarios. Certaines imposent aux fondateurs d’accepter une vente si une majorité d’actionnaires le souhaite, d’autres prévoient des mécanismes de drag-along ou de tag-along qui encadrent les cessions. Ces mécanismes, s’ils sont mal compris, peuvent placer les fondateurs dans une position délicate où ils subissent une décision sans réellement pouvoir l’infléchir.

L’importance de la vigilance et de la structuration

Toutes ces clauses, prises séparément, paraissent techniques. Mais leur combinaison crée un équilibre de pouvoir qui influence profondément la vie future de l’entreprise. Trop souvent, des fondateurs séduits par le montant levé signent sans mesurer les conséquences à long terme. Ce manque de vigilance peut aboutir à une perte de contrôle, à une dilution excessive ou à une sortie qui ne profite que marginalement aux créateurs. La meilleure protection reste une structuration solide, une anticipation des scénarios possibles et un accompagnement juridique de qualité.

Conclusion

Une levée de fonds en capital-risque est une formidable opportunité de croissance, mais elle s’accompagne de contraintes juridiques qui engagent l’avenir. Comprendre les clauses clés, mesurer leurs conséquences et les négocier avec discernement est une étape incontournable pour protéger les fondateurs et préserver la vision initiale. Les entrepreneurs qui prennent le temps de structurer leur gouvernance et de sécuriser leur pacte d’actionnaires abordent cette étape avec bien plus de sérénité. Dans un monde où chaque signature engage pour des années, la connaissance et l’anticipation deviennent les meilleures armes pour transformer l’investissement en levier de succès partagé.

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